Chloé Gagnon
En chair et en os II

 

Image gracieuseté de l'artiste / Image courtesy of the artist

 

En montre à la Salle Sans Sous
du 17 novembre au 22 décembre 2017

« Dans mon œuvre, j’utilise le corps humain comme métaphore afin de questionner la relation intime que l’on entretient avec le soi. J’explore, plus précisément, l’interdépendance de l’extérieur et de l’intérieur du corps humain en créant des combinaisons de chair et d’os. En reflétant sur mon rapport intime avec mon corps et particulièrement avec ma colonne vertébrale légèrement déformée, il m’est devenu évident que nos os sont uniques et racontent quelque chose d’essentiel sur nous-mêmes. Une fois détachés du squelette, ils ont des formes si étranges qu’ils sont parfois méconnaissables. Ainsi, je les révèle, les sors de l’obscurité et expose la beauté de leurs formes. Leur juxtaposition à un corps et le déplacement de leur positions anatomiques respectives font en sorte que le spectateur questionne leur nature et est laissé dans un état perplexe. 

Le format diptyque de certaines toiles accentue la disparité de la chair et des os, mais permet aussi l’union des deux parties. De plus, l’agrandissement de la taille de l’os pour qu’elle rejoigne celle de son corps voisin de forme semblable, permet de mettre l’emphase sur l’importance de chaque petits fragments osseux qui composent notre corps. Bref, nos os nous définissent et je les dévoilent ainsi pour représenter métaphoriquement le dévoilement du « soi » : « Connaître intimement quelque chose indique la possibilité de percevoir […] la substance première qui la constitue» (1) , soit les os, dans ce cas-ci. 

Pour que cette structure intérieure (les os) existe, la présence d’une couche extérieure (la chair) est nécessaire. Dans certaines de mes œuvres, cette dernière est représentée par un corps féminin charnu pour que celui-ci contraste avec les os plus maigres et rigides. Le rôle de la chair est d’envelopper ou de masquer les os. Sa qualité paradoxale lui permet de participer au secret d’un sous-monde lorsqu’elle est présente et opaque, mais aussi au dévoilement lorsqu’elle disparait. En mettant en scène le dedans et le dehors du corps, les sujets de mes toiles effacent les barrières entre l’intérieur et l’extérieur.»

1 - Catherine Longpré, Mémoire présenté à l’Université du Québec à Chicoutimi comme exigence partielle de la maitrise en art: Intimité et matière: dessins, sculptures et effets installatifs (Chicoutimi: Université du Quebec, 2006), 8.

At the Salle Sans Sous
November 17 to December 22, 2017

“In my work, I use the human body as a metaphor to question the intimate relationship that is maintained with the self. I explore, more specifically, the interdependence of the exterior and the interior of the human body by creating combinations of flesh and bone. Reflecting on my own intimate relationship with my body and particularly with my slightly deformed spine, it became apparent to me that our bones are unique and say something essential about ourselves. Once detached from the skeleton, they have forms so strange that they are sometimes unrecognizable. So I reveal them, take them out of the darkness and expose the beauty of their forms. Their juxtaposition to a body and the displacement of their respective anatomical positions makes the spectator question their nature and is left in a perplexed state.

The diptych format of certain paintings accentuates the disparity of the flesh and bones, but also allows the union of the two parts. Moreover, the enlargement of the size of the bone to that of its neighbouring body of similar shape allows us to emphasize the importance of each small bone fragments that make up our body. In short, our bones define us and I reveal them thus to represent metaphorically the unveiling of the ‘self’: ‘To know intimately something indicates the possibility of perceiving ... the first substance which constitutes it’ (1)—bones in this case.

In order for this internal structure (bones) to exist, the presence of an outer layer (the flesh) is necessary. In some of my works, the latter is represented by a fleshy female body so that it contrasts with the leaner and stiffer bones. The role of the flesh is to wrap or mask the bones. Its paradoxical quality allows it to participate in the secret of a sub-world when it is present and opaque, but also to unveiling when it disappears. By staging the inside and the outside of the body, the subjects of my paintings erase the barriers between the inside and the outside.”

1 - Catherine Longpré, Mémoire présenté à l’Université du Québec à Chicoutimi comme exigence partielle de la maitrise en art: Intimité et matière: dessins, sculptures et effets installatifs (Chicoutimi: Université du Quebec, 2006), 8.