14 octobre -19 décembre 2025
October 14 - Decembre 19, 2025
Salle Sans Sous
BERCEUSES
Émilie Turmel
œuvre: Émilie Turmel
Comment se fait-il que l’histoire avec un grand H n’ait retenu que très peu de noms de femmes et de mères, elles qui ont pourtant posé des gestes si répétitifs pour prendre soin de leur famille? Voilà l’une des questions – voire des obsessions – qui font battre le cœur de BERCEUSES, une installation poétique où se rencontrent les techniques de l’écriture manuscrite, de la sérigraphie et de l’art sonore. Créée à partir du recueil de poésie éponyme (Poétes de brousse, 2023), cette œuvre s’articule autour des thématiques de la maternité et de la mémoire (ou de la perte de celle-ci). Elle cherche à rendre visible la répétition des gestes liés au care par la trace que ceux-ci devraient laisser à force d’être répétés. Démultipliée grâce à des jeux d’écho et jouée en boucle, la voix de la poète fouille cette même idée. Les estampes, quant à elles, se retrouvent déclinées en deux types d’images : sur papier, elles rappellent vaguement le travail d’un spirographe ou l’enchevêtrement des fils d’une balle de laine dont le trait d’écriture des autres estampes pourrait être tiré; et sur la mousseline de coton, elles évoquent le texte comme textile, comme tissage, les sept sections du recueil étant imprimées tel un motif, de manière à confondre le début et la fin, le jour et la nuit, l’avant et l’arrière, et renforçant l’idée de cycle.
Avant tout poète, Émilie Turmel navigue librement entre les approches inter, pluri et transdisciplinaires, mobilisant les langages du théâtre, des arts visuels, des arts médiatiques et des arts performatifs pour les articuler à la littérature, qui demeure le noyau de cette démarche en constante mutation. Ses œuvres prennent racine dans le texte, envisagé non seulement comme matière première, mais aussi comme vecteur de mise en espace, de mise en voix et de mise en image. Chaque projet donne ainsi lieu à une reconfiguration formelle du poème en fonction du contexte de création, des médiums investis et des modes de diffusion envisagés.
Depuis 2014, elle a conçu, réalisé et participé à de nombreuses performances et lectures dédiées à la scène — notamment au sein du collectif Exond& —, en plus de présenter ses œuvres dans des expositions collectives. Sa pratique en arts visuels et médiatiques inclut la création de livres-objets, de vidéo-poèmes et d’estampes-poèmes sérigraphiés. Chaque œuvre interroge la matérialité du langage, sa visualité, sa performativité et sa capacité à générer des expériences sensibles. L’installation présentée ici marque sa première incursion dans le champ de la poésie sonore et propose une approche sobre des dimensions acoustiques, rythmiques et immersives du poème. Les pistes ont été enregistrées et réalisées en collaboration avec Denis Surette.
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How is it that history with a capital H has retained so few names of women and mothers, even though they performed such repetitive tasks to care for their families? This is one of the questions—even obsessions—at the heart of BERCEUSES, a poetic installation that combines the techniques of handwriting, screen printing, and sound art. Based on the eponymous poetry collection (Poétes de brousse, 2023), this work revolves around the themes of motherhood and memory (or the loss thereof). It seeks to highlight the repetition of caregiving actions through the traces they should leave behind as a result of being repeated. Multiplied through echo effects and played on a loop, the poet's voice explores this same idea. The prints, meanwhile, come in two types of images: on paper, they vaguely recall the work of a spirograph or the tangled threads of a ball of wool from which the lines of the other prints could be drawn; and on cotton muslin, they evoke the text as textile, as weaving, with the seven sections of the collection printed like a pattern, so as to blur the beginning and the end, day and night, front and back, reinforcing the idea of cycle.
First and foremost a poet, Émilie Turmel navigates freely between interdisciplinary, multidisciplinary, and transdisciplinary approaches, drawing on the languages of theater, visual arts, media arts, and performing arts to articulate them with literature, which remains at the core of this constantly evolving process. Her works are rooted in text, which she considers not only as raw material, but also as a vehicle for spatialization, vocalization, and visualization. Each project thus gives rise to a formal reconfiguration of the poem according to the context of creation, the mediums used, and the modes of dissemination envisaged.
Since 2014, she has designed, produced, and participated in numerous performances and readings dedicated to the stage—notably with the Exond& collective—in addition to presenting her works in group exhibitions. Her practice in visual and media arts includes the creation of book objects, video poems, and silkscreen poem prints. Each work questions the materiality of language, its visuality, its performativity, and its ability to generate sensory experiences. The installation presented here marks her first foray into the field of sound poetry and offers a sober approach to the acoustic, rhythmic, and immersive dimensions of poetry. The tracks were recorded and produced in collaboration with Denis Surette.
